Je dédie cet article à Sylvie B.
J’ai longtemps trouvé les romans d’Agatha Christie ennuyeux. Pour tout dire, ils me tombaient des mains au bout de 30 pages. C’est seulement pour accompagner ma fille dans ses lectures de collège que j’ai décidé d’essayer à nouveau, et là, j’ai subitement pris un grand plaisir à découvrir ses romans et cette petite mécanique si intrigante à chaque enquête. Je me suis passionnée pour cette auteur et cette femme à la fois très ordinaire et tout à fait hors du commun, en lisant quasiment tout ce qu’elle avait publié. Les quelques films à gros budget et casting impressionnant sont formidables (Mort sur le Nil en tête). La série des Hercule Poirot joué par David Suchet n’est pas dénuée de charme non plus.
Sur l’échelle de Dilts
Cet été, alors que la torpeur postprandiale m’envahissait à heure fixe, j’ai revu quelques épisodes de cette série. Et après quelques années de pratique du coaching, je l’ai regardée différemment. Il m’est apparu qu’Hercule Poirot ne faisait rien d’autre que monter et descendre l’échelle de Dilts. Je m’explique. Robert Dilts reprenant les travaux du psychologue Gregory Bateson (1904-1980) sur les niveaux logiques a formalisé une échelle de 6 niveaux pour les intégrer à la pratique de la PNL. Les voici, du plus bas au plus élevé : l’Environnement, le Comportement, les Capacités, les Croyances/Valeurs, l’Identité et le Sens. Ces niveaux permettent de trier des informations en les replaçant juste là où elles jouent un rôle et ainsi d’éviter confusions et amalgames. Interroger un niveau avec précision et en profondeur permet d’avoir une vue plus complète d’un problème. En PNL ou en coaching, on va ensuite travailler sur le niveau juste au-dessus de celui où apparaît le souci ou le blocage pour le solutionner car c’est bien le niveau supérieur qui impacte les barreaux suivants. Par exemple, un manque de confiance en soi (exemple typique sur les capacités) doit faire s’interroger sur les croyances qu’on a sur soi-même.
Poirot, un coach particulier?
Mais revenons-en à Hercule Poirot. Le « petit détective Belge », face à chaque nouveau crime, passe son temps à récupérer des informations à tous les niveaux de cette échelle, en commençant par l’environnement bien sûr, puisque c’est là qu’il peut collecter les premiers indices. Dès qu’il interroge les protagonistes, suspects ou non, il déroule cette échelle pour repérer d’autres indices, que la police locale ne voit jamais tant elle reste accrochée aux premiers barreaux. Poirot interroge facilement les niveaux supérieurs, alors que Japp, Hasting ou tout autre faire valoir semblent s’en moquer totalement. Par exemple, dans le fameux « Crime de l’Orient-Express », il repère très vite que les 12 coups de poignard ont été donnés avec une force et une main différentes, alors que la montre cassée sensée donner l’heure du crime ne l’intéresse pas, car il sait qu’il est facile de faire un maquillage pour égarer les enquêteurs (niveau comportement et capacités). C’est souvent en cherchant le sens, la mission de vie, l’identité réelle du criminel qu’il trouve la solution, dans le cas du « Crime de l’Orient-Express », le meurtre d’une enfant des années auparavant, qui a causé le décès ou la ruine de plusieurs personnes. Ce désir de vengeance va ainsi réunir plusieurs personnes dans un destin commun, une même identité.
Une source d’inspiration
Chaque enquête montre donc Poirot en train d’utiliser cette fameuse échelle, si bien connue des coachs! De plus il observe froidement et analyse, quasiment sans manifester d’émotion. Il ne manque pourtant pas d’une certaine empathie – empathie toutefois distante et donc très efficace – pour les proches des victimes et parfois le criminel lui-même. Il ne juge jamais qui que ce soit. C’est ce qui le rend extrêmement fiable. Tous ces comportements sont aussi des qualités de coach. J’ai donc choisi l’été pour m’en inspirer avec profit, y-compris à l’heure de la sieste…